vendredi 3 mai 2013

la supériorité de Miatlev



Le citadin est imbu de sa supériorité
Et le paysan est persuadé de sa supériorité
Le bourreau est tout sacré de sa supériorité
Et la victime est toute sainte de sa supériorité.
L’homme fourbe est tout savant de sa supériorité
Et l’individu vertueux se rengorge de sa supériorité.
L’artiste est convaincu de sa supériorité
Et le boutiquier se félicite de sa supériorité.
L’ouvrier se barricade de supériorité,
L’intellectuel s’électrise de supériorité
 
Et tous, de cette façon
Dans une fraternité surprenante
Celle qu’on chercherait en vain
A réaliser par des moyens pacifiques
Pilent, pillent, dépècent, écorchent
Et convoient à sa fin malheureuse
Ce monde humain.

Le poète toujours doublé d’un haïsseur
Médisant de tous sauf de lui-même
Ou de ce qu’il pense aimer
N’est pas d’une essence plus pure
Ni plus amène.
Je ne sais s’il vaut mieux quand il déclare
Qu’il est
Délibérément, décidément
Et définitivement inhumain.
 
Car ce n’est là qu’une supériorité comme une autre
Très loin de la véritable supériorité.
Indicible mérite qui ne s’encense pas.
 Adrian MIATLEV (1910-1965)




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