mardi 7 mai 2013

partage de yurtao

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DSCN2783

Hom(m)e intérieur

Toi qui as vu la foudre effondrer ta maison
Et qui, sans baisser les bras, sans perdre la raison,
As pris un violon malgré ton bras cassé
Et glissé sur les cordes l'archer sans trembler,

Qu'il reste dans ton cœur plus de fleurs que d'épines
Surtout ces fleurs des champs aux ombelles minuscules
Que, d'un pas aveugle, les gens du commun piétinent;
Toi qui, admirant les plus frêles campanules,

Est puissant sans dureté, et fort sans violence,
Tendre aux heures tièdes, fredonnant au crépuscule;
Quand, désarmé la nuit, nu et sans défenses,
Un seul de tes soupirs effraie les tarentules;

Toi qui peux tout brouiller, d'un geste tout casser,
Mais laisser sur la table la clef de ton camion,
Et puis, être là, de nouveau, régénéré,
Prêt à recommencer sans poser de questions,

Si tu as tout ton temps mais pas d'emplacement,
Des plages de sable blanc à contempler le vide,
Lovées entre les vagues des souvenirs d'antan,
Et que nul ne puisse te faire lâcher la bride

Du tigre farouche que ton destin chevauche;
Toi qui crois sans idoles et connais sans livres,
Qui aimes avec passion et jouis sans débauches,
Qu'un instant sans particularité t'enivre
 Autant qu'un beau festin ou qu'un vin recherché;
Si je t'entends même quand tu es silencieux
Et te vois sans maquillages et non déguisé
Au moment où, sur la scène, tu joues le mieux ;

Si, quand tu es triste, l'océan vibre et gémit,
Et que, quand tu payes tes dettes, l'orage rugit,
Que tu sois prêt à tout, en étant sûr de rien,
Et n'épargne ni ta joie ni ton chagrin,

Toi qui oses être toi sous le regard des juges,
Être toi encore lorsque la roue se renverse,
Être toi toujours quand la haine se déverse,
Sans accuser personne à l'heure du déluge;

Toi qui, un jour de chance, vois le monde à tes pieds
Mais continues pourtant ta tâche d'artisan
Sans claironner partout ta souveraineté,
Et puis cèdes ton trône à un petit enfant;
Si, un jour de deuil, en enterrant tes morts,
Ta bêche tout à coup cogne un coffre à trésor
Mais que tu persévères à creuser plus profond,
A creuser dans la terre à travers le charbon,
Pour trouver cette source, cette eau claire et limpide,
Que ta graine réclame pour intime arrosage,
Dédaignant dans la boue tout cet or insipide,
Je connaitrais alors qui a pris le visage
De mon frère intérieur, de mon hom(m)e du dedans.

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