samedi 13 avril 2013

le grand YAKA!

- Regardez ce "tu" en pleine crise de laisser-aller, il se débraille, il va jusqu'à se  dénuder sans aucune pudeur.
- Regardez-le, le voilà avec "n'as qu'à"... "Tu n'as qu'à"... Eh bien, ce "n'as qu'à" collé à lui le gêne... Alors, il n'hésite pas, il se débarrasse de son "u", de son "n", le voilà "t'as qu'à"!
- Vraiment, il faut qu'il n'ait pas honte...
- Honte? Mais il est enchanté! Cette tenue lui convient, il s'y sent délicieusement à son aise!
- Non! Ce n'est pas possible, il ne se rend pas compte, on va lui montrer de quoi il a l'air.
- Ecoute, "Tu n'as qu'à"...
- Qu'est-ce qu'il y a, qu'est-ce que vous me voulez??
- Tu sais de quoi tu as l'air, sans ton "u" et sans ton "n"? (...) Tus as l'air d'un "Taka"! (...) et "Taka" est laid, vulgaire; (...) Tu sais, il y a des gens  - et pas particulièrement délicats - à qui le contact possible de "Taka" donne envie de se reculer... de se protéger... comme si ils allaient recevoir "un postillon"
(...°
- Mais il vaut mieux ne pas insister... D'être un "Taka" , rien ne peut lui plaire davantage....Vous l'entendez? "Taka"... "Taka"... et même, pour augmenter le plaisir de s'avilir, il fait prendre à "Taka" un air vautré, une allure veule, traînante... "Taaa...kaaa..."
(Nathalie Sarraute - Ouvrez)

Et même parfois, il va jusqu'à perdre son "t" pour devenir 

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