vendredi 12 avril 2013

les CREQ : crise de remise en question

extrait du livre de
Bernard Werber

© Albin Michel

Les CREQ
L'homme est en permanence conditionné par les autres. 
Tant qu'il se croit heureux, il ne remet pas en cause ces conditionnements. 
Il trouve normal que, enfant, on le force à manger des aliments qu'il déteste, 
c'est sa famille. 
Il trouve normal que son chef l'humilie, c'est son travail. 
Il trouve normal que sa femme lui manque de respect, c'est son épouse 
(ou vice versa, pour la femme c'est son mari). 
Il trouve normal que son le gouvernement lui réduise progressivement 
son pouvoir d'achat, c'est le gouvernement pour lequel il a voté.
Non seulement il ne s'aperçoit pas qu'on l'étouffe 
mais en plus il revendique son travail, sa famille, son système politique, 
et la plupart de ses prisons comme une forme d'expression de sa personnalité.
Beaucoup revendiquent leur statut d'esclave 
et sont prêts à se battre bec et ongle 
pour qu'on ne leur enlève pas leurs chaînes.
Aussi pour les réveiller il faut des C.R.E.Q "Crise de Remise En Question". 
Les CREQ peuvent prendre plusieurs formes : 
accidents, maladies, rupture familiale ou professionnelle.
Elles terrifient le sujet sur le coup, mais au moins 
elles le déconditionnent quelques instants. 
Après une CREQ, très vite l'homme part à la recherche 
d'une autre prison pour remplacer celle qui vient de se briser. 
Le divorcé veut immédiatement se remarier. 
Le licencié accepte de reprendre un travail encore plus pénible.
Mais entre l'instant où survient la CREQ 
et l'instant où le sujet se restabilise dans une autre prison, 
surviennent quelques moments de lucidité 
où il entrevoit ce que peut être la vraie liberté. 
Cela lui fait d'ailleurs très peur.

vive le déconditionnement mais surtout,
et encore une fois,

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